3— Je m’aventure dans un champ que j’avais repéré durant la semaine. J’explore en enjambant les herbes hautes et en sillonnant les environs. De temps à autre, je dépose mon sac photo pour avoir plus de liberté. J’évolue aux alentours, photographie différentes prises de vue, ramasse mon sac photo et repars en mode exploratrice. Et cela, à répétition. À un moment donné, je dépose mon sac photo et m’éloigne, m’éloigne, m’éloigne… très loin.
Ah, la joie d’être seule de bon matin! Que c’est délicieux!
Tout à coup, ma fébrilité s’évapore : où est mon sac photo? Je zieute partout, nulle trace de sa présence. Gloups! Un léger pincement se fait sentir au niveau du plexus. Je vous rappelle que je suis dans un champ où TOUT TOUT TOUT est pareil. Des herbes sauvages à perte de vue. La joie.
Je me parle, non je me sermonne :
– Voyons Anne, t’as pas perdu ton sac, quand même!
– (D’une voix pas très convaincue) Non, non, yé sûrement quelque part… Forcément!
– Ben cherche! (Grosse voix de ténor)
Je vous épargne le reste. J’ai arpenté les lieux pendant des minutes qui m’ont paru interminables. Et je l’ai retrouvé. Fiou!!!
2— Je suis au Jardin botanique avec le club photo. J’ai apporté mon trépied, mais je peste contre la lenteur qu’il m’impose. Je passe mon temps à le déposer afin de prendre des photos à main libre. Pfff! Je délaisse le groupe et fixe mon attention sur un sentier. Je m’y concentre pendant de longues minutes, la lumière est magique. Une fois terminé, je repars de plus belle.
Soudain, je constate que mon trépied a disparu. Misère!
Je rebrousse chemin et retourne à mon dernier emplacement. Aucune trace de sa présence. La magie a disparue. Merde! Je panique, un brin. Je ne suis pas à la campagne perdue dans un champ, mais bel et bien dans un lieu public. À Montréal, où il y a foule! Je suis consternée, j’essaie de me dire que ce n’est qu’un vulgaire trépied… sans importance. Ça ne marche pas. J’aime mon trépied, il m’est très utile, même si parfois il me complique la vie. Je rejoins le groupe le cœur en compote. Ma tristesse est vite chassée, un bon samaritain a recueilli mon trépied. Hourra!
Et le dernier et non le moindre…
1- Cette fois-ci, je suis avec chéri, nous nous apprêtons à aller déjeuner au resto. Avant de quitter la maison, je me demande si je dois apporter mon appareil photo. J’hésite. Ma petite voix intérieure me dit non, mais je fais la sourde oreille. Un photographe sans son appareil n’est pas un photographe, right? (FAUX!) Donc, on décolle, direction Knowlton, joli petit village pittoresque. Au restaurant, je prends soin de déposer ma caméra sur le siège libre à ma gauche. On déjeune, on discute, on rit, et vient le temps de payer l’addition et de quitter les lieux.
On roule depuis à peu près 10 minutes lorsque chéri se penche vers moi, et me demande :
Chérie : Tu n’as pas ton appareil photo? Tu l’as toujours avec toi d’habitude.
Moi : … (silence de mort)
Je jette un coup d’œil à mes pieds où se trouve habituellement ma caméra. Il y a un vide. IMMENSE. Je deviens blême, livide, cadavérique, une sensation de froid m’envahit. Si vous m’aviez vue à cet instant précis, vous auriez vu une fille passer de vie à trépas. Je respire à peine. J’ouvre la bouche et émets un faible : « je l’ai oublié au resto… »
Nous avons immédiatement rebroussé chemin. Les 15 kilomètres que nous avons parcourus pour retourner sur les lieux m’ont paru être à l’autre bout de la galaxie!!!
Bon, voilà, vous savez tout sur moi… ou presque!