Il y a quelques années, j’ai suivi un atelier présenté par Rachel Bilodeau. Spécialisée en photographie animalière, particulièrement d’oiseaux, elle nous a enseigné diverses astuces pour capturer ces créatures. Quand vous participez à ce genre de formation, votre sens de l’observation se peaufine.
La preuve, je passais mon temps à zieuter le paysage, en quête d’oiseaux rares à immortaliser. Toute forme inusitée devenait une bête à plumes potentielle. N’allez pas croire à une obsession (enfin, je ne pense pas), mais vigilance et sens de l’observation s’imposaient.
En effet, la gent ailée peut se nicher à bien des endroits. Un œil distrait, moins exercé à observer, ne verra pas le hibou perché dans l’arbre, camouflé par les branches. Un harfang des neiges passera inaperçu dans la blancheur d’un panorama hivernal. Une perdrix surgira inopinément du buisson, au moment où vous vous en attendiez le moins. Les outardes ne se pavaneront pas devant votre appareil, vous donnant tout le loisir de sortir votre attirail photographique. Non, non. Elles vont disparaître de votre champ de vision en une envolée assourdissante. :o)
La chance, parfois, peut vous sourire. Comme ce matin frisquet où l’un de mes amis photographes, Daniel, est venu me chercher à la maison. Les yeux pétillants, il me lance :
– Anne! Faut que tu viennes voir ça, j’ai vu un hibou perché sur un piquet, non loin d’ici!
– T’es sérieux!
– Oui, oui! Va chercher ton appareil on va essayer de le prendre en photo. Vite!!!
Dubitative, je m’exécute. Avec l’expérience (très mince) qu’on a accumulée à ce jour, je doute fort que ce rapace nocturne nous attende pour la séance photo. ;o) Mais bon, je me laisse porter par la curiosité et l’excitation. Déjà, j’imagine le beau cliché que nous allons rapporter. Youpi! Je revêtis des vêtements chauds et file dehors. Le froid me ravigote.
On approche. Daniel me chuchote :
– Avançons accroupis, pour ne pas l’effrayer (truc appris avec Rachel; si l’animal ne nous voit pas, il ne se sent pas menacé).
J’approuve. À quatre pattes, on franchit un fossé et on va se cacher derrière une touffe de roseaux desséchés. Les voisins vont penser qu’on est en train de les espionner. Hihi! Tout à coup, je l’aperçois.
Il est encore là! Immobile, prêt à sauter sur la proie qu’il n’a pas encore repérée.
Wow! C’est une chance inouïe, me dis-je, émerveillée. Je n’ai pas mes lunettes sur moi – et comme ma légère myopie m’empêche de le distinguer clairement – je prends mon appareil pour le croquer sur le vif.
Un hoquet de stupeur s’échappe de ma bouche. Je me tourne d’un bloc vers Daniel, le regard furibond :
– Mais, c’est un hibou en PLASTIIIIIQUEEEEE!
Et le voilà qui part à rire. Mais à rire. Cramper le gars. Quasiment plié en deux.
GRRRRRRR!!!!
Un leurre parfait!
Voilà le spécimen que j’ai crû voir en premier → cliquez ici
Et voici ce que la (cruelle) réalité me réservait → cliquez par-là
Je sais, méchante différence! 
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